Le 10 janvier, des scientifiques de la NASA ont confirmé que 2024 a été l’année la plus chaude depuis 1880, date du début de la compilation des températures mondiales. Pour ceux qui pensent que le changement climatique est principalement lié aux émissions de gaz à effet de serre anthropiques, il semble particulièrement difficile aujourd’hui d'inverser la tendance au réchauffement de la planète. Cela nécessitera la construction d’infrastructures énergétiques massives (principalement d’énergie renouvelable), la mise à niveau de l’efficience industrielle des usines et le développement de l’extraction et du traitement des métaux et des matériaux verts. De telles activités sous-entendent des coûts élevés, des perturbations et une empreinte qu’intuitivement, personne ne souhaite; une activité économique ciblée qui doit s’accélérer aujourd’hui, au moment même où les nouveaux gouvernements populistes abrogent la politique de « la carotte et du bâton » qui soutient de tels efforts. Toutefois, le plus grand défi pour mobiliser les capitaux nécessaires réside probablement à même les marchés financiers.
Malgré un investissement historique de 2 000 milliards de dollars US dans les énergies propres en 2024, cela ne représente que la moitié de ce qui est nécessaire pour stabiliser les émissions mondialesi. Les progrès sont entravés par trois éléments importants. Premièrement, le langage utilisé pour désigner les stratégies d’investissement durable sème la confusion chez les investisseurs et détourne probablement le capital des solutions mêmes que les investisseurs intéressés espèrent soutenir. Deuxièmement, les spécialistes de l’investissement ont développé une obsession pour les indices de référence dominés par des secteurs qui ont peu à voir avec la transition énergétique. Enfin, la taxonomie et les indices de référence contribuent à l’aversion croissante des investisseurs pour les modèles d’entreprise à forte intensité de capital.
La taxonomie des stratégies d’investissement environnemental est excessivement complexe. Des termes tels que « durable », « climat », « IRS » et « ESG » sont utilisés de manière interchangeable, souvent sans distinction claire. Selon nous, deux seuls termes sont nécessaires : soit les stratégies de « transition énergétique », qui mobilisent des capitaux pour construire des infrastructures et des technologies maintenant, afin d’avoir une économie à faibles émissions de carbone à l’avenir; et les stratégies « à faibles émissions de carbone » qui attribuent des capitaux aux secteurs actuellement à faibles émissions de carbone, ce qui risque d’entraîner une augmentation des émissions à l’avenir.
Malheureusement, la plupart des stratégies portant l’appellation « durable », « IRS » et « ESG » sont en fait des stratégies « à faibles émissions de carbone ». Présentement, ses stratégies absorbent la plupart des capitaux axés sur l’environnement au détriment de la « transition énergétique ».
Les indices de référence font peu pour remédier aux ambiguïtés des termes utilisés. MSCI, l’un des principaux fournisseurs d’indices, propose des centaines d’indices de « durabilité et de solutions climatiques ». Nous sommes d’avis que nombre d’entre eux devraient être classés dans la catégorie « faibles émissions de carbone ». Par exemple, l’indice MSCI World Climate Change et l’indice MSCI World ESG Leaders présentent un chevauchement remarquable des principales composantes, des secteurs et des pondérations des pays avec l’indice de référence mondial de la société, l’indice MSCI Mondeii. On peut difficilement affirmer que l’un ou l’autre de ces indices est conçu pour favoriser la répartition de capitaux aux solutions de transition énergétique.
Alors qu’il existe des centaines d’indices de « faibles émissions de carbone », les investisseurs trouveront moins de dix indices sectoriels de « transition énergétique ». Ces indices ont tendance à adhérer à une définition étroite, comme l’indice S&P Clean Energy et l’indice MSCI ACWI IMI Clean Energy Infrastructure. À notre avis, ils couvrent uniquement une partie de ce qui est nécessaire à la transition énergétique.
Mackenzie Greenchip, qui gère une stratégie de « transition énergétique » depuis 2007, croit en la nécessité d’un indice de transition énergétique plus large qui englobe l’efficacité énergétique, les technologies de dépollution, l’eau, l’agriculture et les transports, ainsi que l’énergie propre.
Bien que les secteurs de la technologie de l’information, de la finance, de la consommation discrétionnaire et de la santé dominent les portefeuilles à faibles émissions de carbone, l’univers Greenchip composé d’environ deux mille entreprises axées sur la transition énergétique, regroupe principalement des sociétés des secteurs de l’industrie, des services aux collectivités et des matériaux. La technologie est aussi bien représentée; toutefois, les technologies de transition énergétique prennent souvent la forme de matériel comme l’équipement solaire ou les semi-conducteurs analogiques de gestion de l’énergie, par opposition aux technologies numériques. Il n’est pas surprenant que l’univers Greenchip et d’autres indices de « transition énergétique » ont tendance à être étroitement corrélés avec des indices plus larges de « faibles émissions de carbone ».
En 2008, Investissements Russell et Impax Asset Management ont lancé l’indice FTSE Environmental Opportunities All-Share avec environ 450 composantes, principalement des sociétés de l’univers Greenchip. L’indice compte aujourd’hui plus d’un millier de titres et, à un certain moment, des titres qui semblaient moins liés à la transition énergétique ont été ajoutés. Par exemple, Microsoft a actuellement la pondération la plus importante de l’indice. Selon nous, onze des vingt principaux titres de l’indice ne devraient pas être considérés comme des sociétés axées sur la transition énergétique, mais ils représentent plus de 30 % de l’indice en termes de capitalisation boursière et plus de la moitié de sa performance en 2024iii. Ce qui semblait être un indice de référence unique en matière de transition énergétique ressemble de plus en plus à un indice de « faibles émissions de carbone ».
Aujourd’hui, tant la taxonomie que les indices soutiennent largement les investissements à « faibles émissions de carbone » plutôt que ceux liés à la « transition énergétique ». Pourquoi? Parce que cela correspond à la préférence des investisseurs pour les modèles d’entreprises à faibles dépenses en immobilisations – les faibles émissions de carbone équivalent à de faibles dépenses en immobilisations.
Les marchés boursiers devraient être un endroit où les entreprises se rendent pour lever des capitaux afin d’investir et de développer leurs activités. De 1990 à 2023, les dividendes et les rachats du S&P 500 sont passés de 42 % des dépenses en immobilisations à plus de 120 %, et dépassent désormais la somme des PAPE, des émissions ultérieures, des émissions de titres de créance et des dépenses en immobilisations. Il semblerait que les marchés boursiers soient plutôt devenus une source de loyer sur l’économie plutôt qu’un lieu de financement de la croissance ou de la transition énergétique.
L’équipe Mackenzie Greenchip est d’avis que les défis climatiques ne pourront être relevés sans que les investisseurs n’adoptent à nouveau les dépenses en immobilisations, en s’appuyant sur un langage plus clair et des indices de référence dédiés.
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i AIE, 6 juin 2024
ii Indice MSCI World Climate Change, 31 décembre 2024.
iii Série de l’indice FTSE Environmental Opportunities, 31 décembre 2024
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